Je regarde le hockey depuis que j’ai 6 ans… En près de 30, j’ai vu évolué ce sport qui me passionne tant.
Je me remémore les frères Stastny, Dale Hunter la petite peste, la bataille du Vendredi Saint, le but refusé d’Alain Côté, le repêchage de Joe Sakic, les montées de lait de Bergeron.
J’ai aussi souvenir de la recrue Steve Smith qui avait compté dans son propre but (Grant Fuhr) causant l’élimination des Oilers.
Je repense au bureau de Gretzky derrière le but, à Craig-McTavish-Pas-de-Casque, à Ray Bourque aux concours d’habiletés, aux matchs des étoiles avec les chandails orange des conférence Wales et Campbell , aux Cooperalls, ces horribles pantalons longs !
C’était l’époque où on avait un grand sentiment de loyauté envers son équipe et envers les fans. Il n’était pas rare qu’un joueur passe sa carrière entière avec une équipe.
J’avais une permission spéciale pour me coucher tard quand les Nordiques jouaient dans l’ouest. Notre famille était divisée en deux, d’un côté les Nordiques, de l’autre les Canadiens… Que de « chicanes » aux réunions de famille !
Je me souviens ces paquets de cartes de hockey que j’ouvrais, et ces cartes des Canadiens que je jetais aux poubelles au mieux, ou je déchirais selon mes humeurs ! Ca c’était une rivalité !
Puis la société à changé, le sport aussi…
L’argent prenait de plus en plus de place. Les petits marchés comme Québec, Winnipeg et Hartford en ont payé le prix… Les équipes déménageaient pour nourrir les ambitions de Gary Bettman. Le commissaire voulait développer les marchés du Sud, même si c’était voué à l’échec d’avance. Pourquoi ? Certainement pas pour transmettre cette passion à une population qui, en somme, n’avait rien demandé…Mais plutôt pour des considérations financières… l’argent toujours l’argent.
Il y eu le lock-out, la montée du coût des billets (maintenant presque inaccessibles pour une famille de classe moyenne). Du même coup, on voyait de plus en plus de joueurs refuser de jouer au Canada, pour des questions d’impôt. On vit apparaître des contrats de 100 millions, de 10 ans (on nous rassure que c’est pire dans le Baseball…) Le salaire minimum de la LNH tourne maintenant autour de 500 000$. Pour bien comprendre le hockey d’aujourd’hui, vaut mieux avoir une bonne base en économie et en droit…
Parallèlement, il y a eu une escalade de violence. Les commotions cérébrales, les gestes disgracieux se multiplient… Pourquoi ? Car ça vend bien aux États-Unis. En effet, le marketing tourne autour de la violence chez nos voisins du Sud… Eh oui, encore l’argent…
Puis un beau jour, il y a eu une brisure. Un moment où on vit à quel point ce sport était devenu rongé par l’argent et l’avidité et à quel point les Fans n’étaient plus que de vulgaires pions… C’est à cet instant précis que la folie de Bettman se cristallisa en un mot : Glendale. Voilà 3 ans que nous assistons à ce triste spectacle, la perte de crédibilité de notre sport national. Même s’il devait faire sombrer la ville dans la faillite (ce qui est déjà fait), même s’il devait créer de faux espoirs là bas, Bettman n’allait pas reculer. En outre, celui là même qui avait promis de réparer les erreurs du passé (!) continue de faire la sourde oreille à Québec, une ville qui n’a plus à faire ses preuves.
Ce qu’il refuse de voir en face, finira toutefois par s’imposer à lui… Comme il dû le faire à contre cœur pour le transfert de Atlanta à Winnipeg. C’est pour cette raison que je suis optimiste. Je ne suis pas une rêveuse déconnectée de la réalité. Je suis la saga de Phoenix et d’autres clubs en difficultés depuis des années. Nous aurons notre équipe, et sûrement plus vite qu’on pense. Chaque jour qui passe nous rapproche du retour des Nordiques.
Malgré tout le ravages qu’il a fait dans ce sport, le hockey survivra à la folie de Bettman.
Et malgré toute l’importance qu’il s’accorde, il nous pourra jamais empêcher le retour de nos fleurdelisés.
Jocelle Cauvier
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