Depuis le début de la saga sur le possible retour des Nordiques, on ne cesse de marteler sur le fait que la faiblesse du dollar canadien serait une raison importante ou même la raison principale expliquant pourquoi une équipe de la LNH ne serait pas encore débarquée dans la capitale-nationale. Entre vous et moi, cette raison n’aura jamais été plus qu’un mythe. En voici quelques raisons:
1- Le dollar canadien doit toujours être plus faible que le dollar américain:
Il serait aberrant d’attendre que le dollar canadien devienne aussi fort que le dollar américain puisque la santé de l’économie canadienne repose sur un huard relativement faible. Effectivement, depuis plus d’une vingtaine d’années, ce sont au-delà de 70% de la valeur de nos exportations qui ont pour destination les États-Unis. Près de 400 milliards de dollars par année entrent donc dans les coffres canadiens grâce à notre relation commerciale avec les américains. Pour que cette relation reste possible, la Banque du Canada s’assure que la valeur du dollar canadien reste à un niveau de “faiblesse” stable par rapport au dollar voisin, sinon, les États-Unis iront acheter ailleurs.
Affirmativement, la courte époque où notre devise était paritaire à celle des États-Unis eut de fortes répercussions sur notre économie nationale. En effet, de 2008 à 2009, la crise économique américaine eut pour effet de baisser la valeur du dollar américain et donc “renforcer” le dollar canadien; ce qui fit chuter de 100 milliards de dollars la valeur de nos exportations vers nos voisins du sud puisque notre production était devenue relativement trop chère pour eux.
Ne pensez donc pas que Québécor attend un dollar canadien fort. Ça n’arrivera pas. C’est une question d’économie nationale.
2- C’est la richesse relative qui compte, pas la valeur du dollar:
Imaginons cet exemple fictif. Un canadien possède 1000$ CAN dans ses poches et un américain, lui, 500$ US. Qui est le plus riche si 1$ CAN vaut 0,75$ US?
Eh oui! le canadien est plus riche même si sa devise est plus faible.
C’est exactement ce qui se passe au hockey. En 2016, selon le réputé magazine Forbes, la moyenne des équipes canadiennes ont eu des revenus de 143 millions $US (178,8 millions $CAN), tandis que les équipes américaines, quant à elles, ont généré des revenus de 134 millions $US.
En effet, il est possible de voir que les équipes canadiennes doivent pédaler un peu pour avoir des revenus relatifs plus élevés que ceux des équipes américaines, puisqu’au risque de me répéter, le dollar canadien est plus faible que le dollar américain. Cependant, même si le seuil est plus “difficile” à atteindre, les équipes canadiennes le dépassent aisément.
Donc, le fait de transiger en dollar américain rend-t-il les équipes américaines plus riches que les équipes canadiennes? Non.
3- Il y a un plafond salarial:
Le salaire des joueurs aurait pu poser problème, car les équipes canadiennes doivent payer leur effectif en considérant le taux de change. En absence de plafond salarial, si une équipe américaine augmentait son offre de contrat de 1 million de dollars US, l’équipe canadienne devrait augmenter son offre à 1,25 millions de dollars canadien afin de donner des conditions équivalentes. Une équipe américaine aurait donc souvent l’avantage sur l’équipe canadienne puisqu’une augmentation de salaire lui demanderait moins d’efforts financiers.
Heureusement, il y a un plafond salarial en place. Cela fait en sorte que les équipes ne gonflent pas le salaire des joueurs et doivent même les revoir à la baisse plus souvent qu’autrement (donner un gros contrat à une vedette se fait souvent au détriment d’une panoplie d’autres joueurs au sein de la même équipe). Ainsi, l’équipe canadienne sait que la masse salariale ne dépassera jamais un certain seuil. Alors, cela évite l’explosion artificielle de la moyenne salariale des joueurs qui aurait été plus difficile à suivre pour les équipes transigeant en dollar canadien.
Le plafond salarial rend équitable le système salarial entre toutes les équipes de la Ligue Nationale de Hockey. Il n’y a donc pas d’inflation surprise pour les équipes canadiennes.
4- L’importance du marché:
Les contrats télévisuels sont le gagne-pain le plus important de toutes les ligues sportives professionnelles en Amérique du Nord; la Ligue Nationale de Hockey n’y échappe pas.
Même si les États-Unis sont constitués, en tout, de 318 millions d’individus, le contrat télévisuel signé avec NBC pour les droits exclusifs ne sont que de 200 millions de $US annuels pendant 10 ans (2 milliards $US au total). Au Canada, pays de 35 millions d’individus, c’est Rogers qui a signé avec la LNH un contrat valant 4 milliards de $US pour 12 ans.
Le “marché hockey” canadien vaut donc près de 2 fois plus que le “marché hockey” américain, et ce même si le Canada est presque 10 fois moins populeux que les États-Unis. En addition, faut-il rappeler qu’il n’y a que 7 équipes canadiennes contre 23 aux États-Unis?
Encore une fois, la valeur du dollar n’est pas en cause puisque c’est le Canada, en dollars canadiens, qui rapporte le plus d’argent à la ligue.
5- Dans l’optique de Québécor, les Nordiques sont un investissement:
Chaque année sans Nordiques sont une année sans importantes retombées potentielles pour Québécor. Effectivement, combien de propriétaires d’équipe professionnelle connaissez-vous qui possèdent, aussi, des journaux, des chaînes sportives, des chaînes généralistes, etc.? Pendant que les autres propriétaires ne vivent seulement que des revenus directs générés par leur propre équipe de hockey (et pour certains hommes du désert, surtout des dettes), imaginez si Québécor avait ses Nordiques, nos Nordiques: ils toucheraient, non seulement, les revenus directs généré par la concession, mais aussi les revenus indirects dérivés des émissions d’analyse d’après-match, des apparitions des joueurs à des émissions de variété à TVA, de la vente de journaux, de concours, etc; sans oublier que cela ferait mousser la valeur de l’équipe, puisque plus on en parle, plus ça vaut cher. Entre vous et moi, TVA Sports a été créée pour accueillir les Nordiques... et comme ils ne sont pas encore au Centre Vidéotron, c’est quand même dur de trouver du contenu pour compenser le fait qu’on a pas encore d’équipe; jetez un oeil sur leur grille-horaire, ils passent quand même des courses de ski-doo.
En plus de tout ça, l’entente que Québécor a avec la ville de Québec pour le Centre Vidéotron est pas mal non?
Ne tombez pas dans le panneau. Québécor ne se serait jamais lancé dans le projet si le dollar canadien était un problème. Ils veulent une équipe (ils ont même essayé d’avoir les Canadiens il y a longtemps). Même si, cette année, le silence est de mise, ils ne dorment pas au gaz parce que toute entreprise souhaite faire toujours plus de profits.
La venue des Nordiques serait profitable pour Québécor, et ce même si c’est en dollars canadiens.
Belle défaite des Hurricanes à soir en passant.
Commentaires
Quand pensez-vous?
Ce n'est pas rare qu'une grosse compagnie "achète" de l'argent américain... Et justement, si Québécor était intéressé à avoir une équipe de hockey à l'époque, ils savaient qu'ils devaient sécuriser un certain montant US.
Entre les deux il y a peut-être un intermédiaire qui veut que la LNH reçoive le plus d'argent possible pour compenser toutes les pertes que les propriétaires ont dû essuyer à l'époque où les Coyotes étaient propriété de la LNH, par exemple. ;)
Québecor nous a dit 650 millions C'était beaucoup trop cher pour une franchise . Alors 6 mois après SONDAGE le Retour des Nordiques: Avez-vous toujours confiance en Québecor?