Salut Andy. Ça faisait longtemps que je n’avais pas écrit une chronique et je dois avouer que le dernier grand coup, représenté en image par un Foley souriant seul à grandes dents, m’a un peu scié les jambes. Cependant, ta chronique m’a fait réagir et j’ai décidé, amicalement, de te relancer point par point. Après tout, à défaut de débattre du prochain alignement des Nordiques, aussi bien débattre des idées.
1- Commencons par le taux de change. La force du dollar canadien repose sur une multitude de facteurs, dont les cours mondiaux des produits de base que nous exportons. C'est l'une des raisons pour laquelle le dollar a chuté en même temps que le cours du pétrole il y a quelques années. La demande mondiale pour les produits que nous exportons, aussi appelée la situation économique relative, aura également un impact considérable sur la valeur de la monnaie nationale.
Je t’invite d’ailleurs à consulter les facteurs qui influencent la valeur du huard sur le site de la Banque du Canada (http://www.banqueducanada.ca/wp-content/uploads/2010/11/taux_change.pdf). Tu seras à même de constater que si cette dernière a un certain contrôle sur des éléments comme les taux directeurs, elle ne saurait être capable de "maintenir" un dollar faible malgré toute sa bonne volonté de vouloir contrôler la productivité interne du pays, le climat politique, la dette publique ou encore le flux de capitaux qui entre au pays.
Conséquemment, je crois plutôt que Quebecor attend soit un dollar plus fort, soit un prix de vente plus faible. Ça explique également la raison pour laquelle Brian Mulroney avait affirmé que la force du dollar canadien représentait un défis "formidable". Il ne faut pas oublier que Quebecor aura la quasi-totalité de ses dépenses en dollars US et la quasi-totalité de ses revenus en dollars canadiens. Dans un marché comme le nôtre, qui générera beaucoup moins d'argent que Toronto ou Montréal, un tel écart est à prendre en considération.
2- Lorsque tu compares 1000$ CAN à 500$ US avec un taux de change de 0,74$, il est certain que le 1000$ canadien vaut davantage. Par contre, pour couvrir 1 dollar US de dépense, tu dois générer 1,34$ en revenu canadien en date d'aujourd'hui. Si Quebecor avait payé une équipe d'expansion au prix de 500M US, ça lui aurait en réalité coûté 669M canadien, soit 169M de plus que ce que Vegas a dû débourser.
En comparaison, 169M, c'est un million de moins que la somme pour laquelle les Jets de Winnipeg ont été acquis en 2011 alors que le dollar canadien était au pair avec celui américain.
3- En ce qui concerne le plafond salarial, il y a deux façons de le voir. Pour les plus petits marchés canadiens, dont nous ferions partie, le plafond permet d'être compétitif en empêchant des marchés comme New-York de faire exploser la banque comme ça s'est déjà vu avant 2004
Par contre, le plafond salarial limite également les marchés comme Montréal puisqu'ils doivent bonifier les salaires des joueurs en devise US pour compenser le taux d'imposition qui prévaut dans les différentes provinces canadiennes. Eh oui, contrairement à la croyance populaire, les joueurs de hockey paient des impôts au Canada. À cet effet, Dany Dubé donnait un exemple éloquent en prenant en considération que le taux d'imposition est de 39 % en Floride versus 53 % au Québec pour la catégorie de salaire des joueurs de hockey. Je le cite:
"Pour un joueur comme Steven Stamkos, qui pourrait venir jouer à Montréal, il devrait grosso modo débourser 1,3 million $ canadiens de plus annuellement s’il avait un salaire de 10 millions $. Sur cinq ans, ce sont donc près de sept millions $ supplémentaires qui s’envoleraient dans les coffres de l’État.
Donc, un Quebecor de ce monde devrait débourser 7M US supplémentaires pour compenser la différence d'imposition ou encore 9,3M CAN, et ce, pour un seul joueur. Encore une fois, le taux de change, combiné au taux d’imposition, joue un rôle important
4- Tu as entièrement raison quand tu mentionnes les droits de télévision canadiens qui valent beaucoup plus que ceux américains. Cependant, nous sommes ici en situation où Quebecor reçoit peu d'argent des ces droits puisqu'elle en possède une partie.
Autrement dit, les droits de télévision francophones ne représenteraient pas une entrée nette d'argent pour les futures Nordiques comme ils en représentent une pour le Canadien. À cet effet, RDS ne débourse pas moins de 68 M CAN annuellement pour obtenir les droits de télévision régionaux du CH et le tout va directement dans les poches de Molson….
5- Tu as aussi entièrement raison de dire que Quebecor a besoin des Nordiques pour rentabiliser ses différentes plateformes..... mais pas à n'importe quel prix. Comme je te le mentionnais plus haut, les revenus étant principalement en dollars CAN et les dépenses en dollars US, Quebecor ne serait peut-être pas plus rentable avec les Nordiques si la compagnie doit débourser un montant US qui, en dollars canadien, représenterait un déficit énorme à compenser.
C'est en prenant en considération cette réalité que certaines questions doivent survenir de la part des investisseurs quand vient le temps d’évaluer une telle dépense.
"Et si on ne vendait pas assez de billets soir après soir? Et si l'équipe ne parvient pas à faire les séries pendant plusieurs années et qu'on ne pouvait toucher aux précieux revenus générés en séries éliminatoires? Et si nous sommes incapables de déloger le Canadien de Montréal des chaumières de l'est du Québec?"
Bref, il y a une énorme gestion de risque à faire dans ce dossier. Quebecor n'a malheureusement pas la chance d'avoir une équipe à rabais comme Winnipeg et c'est peut-être ce qu'ils attendent en s'étant fixé un prix US raisonnable à payer
Pour ma part, je pense que la force du dollar, combinée à la bulle spéculative que Gary a créée avec son expansion à un demi-milliard US, a freiné Quebecor. Avec du recul, je crois qu'ils ont joué le jeu de l'expansion non pas parce qu'ils croyaient être en mesure d'obtenir une équipe à un tel prix, mais parce que cela leur permettait de se placer en position de visibilité pour un transfert éventuel.
Je suis comme toi et j’attends le retour des Nordiques impatiemment, mais les événements des dernières années ont sapé mes émotions au profit du rationnel. Il ne nous reste plus qu’à attendre la bonne affaire dans le cadre d’un transfert. Cela pourrait arriver plus vite que l’on pense dans un dossier comme celui des Coyotes.
Amicalement,
Fred
*** Mise à jour ***
À la lecture de certains de vos commentaires, je me dois d'apporter une précision concernant les soit disant réserves de devises américaines que Québecor possèderait. La Presse a déjà demandé à deux économistes indépendants d'étudier les états financiers de l'entreprise au 31 décembre 2015. Voici leur conclusion: Québecor n'a pas utilisé d'instruments financiers dérivés afin de couvrir les risques de fluctuations du taux de change pour l'acquisition d'une équipe de la LNH.
Les professeurs Richard Guay et Michel Magnan font valoir que toute couverture contre les fluctuations du huard rattachée à une transaction hypothétique - comme la possibilité d'acheter une équipe de la LNH pour 500 millions US en participant au processus d'expansion de la LNH l'été dernier - aurait vraisemblablement été qualifiée de couverture spéculative. Dans son rapport de gestion pour l'année 2015, Québecor précise qu'aucun de ses instruments financiers dérivés ne sont « détenus ou émis à des fins spéculatives ». Québecor répète cette même affirmation dans son dernier rapport trimestriel (au 31 mars 2016).
Les apparences portent donc à croire que Quebecor n'a pas de réserve US prête à être déboursée pour l'achat d'une équipe de la LNH, mais en posède sûrement pour ses autres opérations courantes à déclaration obligatoire.
Vous trouverez l'article complet ici: http://affaires.lapresse.ca/economie/medias-et-telecoms/201607/13/01-5000565-nordiques-quebecor-ne-sest-pas-protege-contre-le-taux-de-change.php
Est-ce que ça prouve quoique ce soit? Non, mais ça remet les choses en perspective.
On jase…
Commentaires
Mai, nous saurons.
Le magazine Forbes a dévoilé mercredi son classement annuel sur la valeur des équipes de la LNH. Comme c'est le cas depuis plusieurs années, la valeur moyenne pour une franchise a continué de grimper. Au cours des 12 derniers mois, elle a augmenté de 3 %, passant de 505 millions $ à 517 millions $. À titre comparatif, la valeur d'une franchise était de 228 millions $ en 2010.
Québec pourrait-il payer aujourd'hui une telle facture? «Le prix a énormément grimpé au cours des dernières années. C'était dispendieux à 390 millions $... Il faut regarder le marché», répond au Soleil le professeur en marketing de l'Université Laval Frank Pons.
«Les résultats montrent que la ligue est en bonne santé, qu'elle a des revenus relativement stables. La valeur des équipes américaines est en hausse, contrairement à celle des canadiennes. La LNH n'a aucune raison de se presser et de faire des cadeaux à Québec», poursuit celui qui occupe également la chaise de directeur de l'Observatoire International en Management du Sport, à l'Université Laval.
Année difficile au Canada
La dernière année s'est avérée plutôt difficile pour les sept équipes canadiennes. Sans exception, elles ont toutes vu leur valeur chuter, entre autres de 6 % pour les Flames de Calgary (410 millions $) et les Canucks de Vancouver (700 millions $). Chez nos voisins du sud, seuls les Devils du New Jersey (320 millions $) ont enregistré une baisse (- 3 %).
Selon Frank Pons, sans surprise, la faiblesse du huard par rapport au dollar américain a eu ses impacts, mais également le fait qu'aucune formation canadienne n'ait participé aux séries lors de la dernière campagne. «C'est certain que cela a eu un impact sur la valeur des équipes. Voir toutes les équipes canadiennes qui sont en légères baisses, ce n'est pas un bon signe pour un marché de plus au Canada. [...] Tant qu'il y aura de meilleures opportunités d'affaires ailleurs, il n'y aura pas d'équipe d'expansion à Québec», ajoute celui qui croit tout de même au retour des Nordiques. Il estime que la capitale est toutefois présentement «la meilleure destination» pour une équipe en difficulté qui souhaite déménager.
Selon le classement de Forbes, le Canadien (1,12 milliard $) occupe le deuxième rang, devant les Maple Leafs de Toronto (1,1 milliard $) et derrière les Rangers de New York (1,25 milliard $). Les Hurricanes de la Caroline arrivent au 30e et dernier rang de la ligue avec une valeur de 230 millions $ (+ 2 %). Actuellement, seulement 12 franchises sur 30 ont une valeur supérieure ou égale à 500 millions $.
Pour les équipes ayant changé de mains au cours des dernières années, comme les Jets en 2011, leurs nouveaux propriétaires ont toutes les raisons de sourire. En 2011, les Thrashers d'Atlanta avaient été acquis et transférés à Winnipeg pour 170 millions $. L'équipe vaut aujourd'hui aux alentours de 340 millions $ (- 2 %).
L'an dernier, huit équipes ont perdu de l'argent, notamment les Panthers de la Floride (- 15,4 millions $), les Hurricanes (- 15 millions $), les Coyotes de Phoenix (- 8 millions $) et les Blue Jackets de Columbus (- 2,4 millions $).
Tu compares des dollars canadiens avec des dollars américains. Les Jets n-ont pas été achetés avec des piasters mon ami.
Le Canada, à travers la Banque du Canada, préfère stabiliser sa monnaie justement pour protéger son économie d’exportation et, aussi, éviter des crises économiques. La banque fédérale, aux États-Unis, n’agit pas prioritairement de cette façon.
Il faut tenir en compte le fait que plusieurs éléments sont à considérer dans le calcul de la valeur d’une monnaie. En effet, même si la Banque du Canada n’a pas de contrôle sur les facteurs externes (comme l’environnement économique d’ailleurs, voire les États-Unis), elle peut faire bouger d’autres facteurs tels que l’achat ou la vente de réserves, l’augmentation ou diminution de l’offre de monnaie (effectivement, si vous vous demandez pourquoi on imprime pas plus de billets ou moins de billets de 20$, c’est pour cette raison. Plus de monnaie en circulation baisse la valeur de la monnaie, vice versa), etc.
Lors d’une crise économique importante comme ce fut le cas aux États-Unis, les facteurs externes ont été trop “gros”. On n’aurait donc jamais pu faire bouger la valeur de notre monnaie sans “briser” notre économie.
Québecor ne doit pas être en train d’attendre une monnaie plus forte de notre part puisque ça ne semble pas être dans les plans du Canada ou même des États-Unis :P. Tant qu’il n’y a pas de changements drastiques, comme une crise économique, il n’y aura pas de dollar canadien et américain proche de la parité. C’est mauvais pour l’économie canadienne et l’économie américaine. Je pense, en effet, que Québecor attend le meilleur prix OU que Bettman attend quelque chose qui nous échappe.
2- Je comprends. L’idée à prendre dans ce que j’ai dit est la richesse relative. C’est ça qui est important. Le pouvoir d’achat de Québecor est énorme. Ça ne veut pas dire qu’ils achèteraient à n’importe quel prix. 500 millions US c’est déjà trop gros quand on sait qu’il y a des gars comme Karmanos qui sont prêt à vendre leur équipe; y’ont pogné un bon poisson à Las Vegas. L’idée de départ a toujours été une relocalisation et non l’expansion… surtout pour un prix qui était là juste pour dédommager les proprios qui ont perdu trop d’argent à soutenir les équipes des autres sur le respirateur artificiel.
Ce que je veux dire c’est que c’est pas le taux de change qui fait en sorte que Québecor achète ou pas. Si le prix est bon, en US, ils vont débourser ce qu’il faut. Entre toi et moi, Karmanos veut vendre, Québecor veut acheter… un est dans le trouble, l’autre peut attendre; c’est le vendeur qui doit baisser son prix, pas le contraire. Je pense donc que Québecor a un prix raisonnable mais qu’il y a un intermédiaire qui ralentit l’affaire.
3- Je te le donne pour le plafond salarial. C’est plus nuancé; le problème c’est d’ajouter le taux d’imposition. Ça ne ralentit pas les équipes canadiennes cependant, qui en moyenne font quand même plus d’argent malgré tout.
4- Non, en effet, ce n’est pas des entrées nettes pour les équipes. C’est pas non plus ce que j’ai dit. Je parle de la valeur du marché: Le taux de change n’a pas non plus d’incidence sur la valeur du marché. Notre marché vaut plus.
5- Effectivement, on s’entend tous pour dire que ce n’est pas à n’importe quel prix qu’il faut acheter les Nordiques. Ce serait un mauvais move d’acheter une équipe pour une valeur complètement inflationnée. Par contre, il faut considérer un coût qui s’appelle le coût de d’opportunité; concept économique qui désigne la perte des biens auxquels on renonce lorsqu'on procède à un choix, autrement dit lorsqu'on affecte les ressources disponibles à un usage donné au détriment d'autres choix. C'est le coût d'une chose estimé en termes d'opportunités non-réalisées, ou encore la valeur de la meilleure autre option non-réalisée.
Chaque année qui passe c’est l’augmentation de ce coût là… et donc plus le temps passe, plus l’achat d’une équipe, à gros prix, aurait été rentable.
Je ne sais pas s'ils ont joué le jeu, cependant, avec tout ça personne ne peut savoir qu'est-ce qui est trop cher pour Québecor. C'est pourquoi, parler simplement de taux de change n'explique en aucun cas pourquoi on aurait un club ou pas.
https://www.google.ca/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwj9kbS1hYvTAhVH6IMKHbOkBj0QFggaMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.lapresse.ca%2Fle-soleil%2Fsports%2Fhockey%2F201611%2F30%2F01-5046804-la-valeur-des-equipes-de-la-lnh-grimpe-encore.php&usg=AFQjCNHQPWrncEYDaBEiLTa73mLev4JCTw
Québecor on t-ils acheté des dollars américains au pair et on-t-il placé ça pour une transaction le temps venu ? Selon moi NON la la caisse de dépôt et placement du québec a un deal avec notre argent avec Québecor.