Les Nordiques, un retour attendu
Comme plusieurs, j'ai vécu l'arrivée des Nordiques dans la NHL en 1979, alors que quelques équipes quittaient le circuit maudit (l’AMH) pour joindre la grande ligue. C'était la deuxième tentative, la première ayant été durement bloquée par l'organisation du Canadien de Montréal.
Ensemble, nous avons vécu cette période excitante alors que nos Nordiques alignaient des joueurs comme Peter Stastny, Michel Goulet et Dale Hunter.
Les Nordiques ont subitement quitté en 1995 dans un mélange de lassitude, de déception et d'indifférence. C'était la déception pour beaucoup de fans de longue date, qui attendaient ardemment que la promesse de Marcel Aubut se réalise et que les Nordiques gagnent leur première coupe Stanley. C’était la lassitude d’une partie de la population suite à une longue traversée du désert pour les bleus (qui ne se souvient pas des « Nordindes »). C’était l’indifférence du gouvernement Parizeau, qui n’a pas voulu investir pour un nouveau Colisée alors que son gouvernement s’apprêtait à demander des sacrifices importants à la population.
Depuis 1995, la population de Québec a toujours espéré que son équipe puisse revenir et avec l’avènement d’un nouveau colisée et d’un propriétaire potentiel, tous les espoirs sont maintenant permis.
Un été chaud
Les espoirs d’un retour des Nordiques ont beaucoup reposé sur le déménagement d’une concession, en l’occurrence celle des Coyotes de Phœnix.
Nous avons tous été témoins depuis janvier de cette saga tout à fait rocambolesque aux mille rebondissements tous aussi absurdes les uns que les autres, dans lesquels nous avons vu la ligue prolonger indéfiniment les délais et s’accrocher à un investisseur (Greg Jamison) qui n’a pas suffisamment d’argent pour acheter et opérer la concession des Coyotes à Glendale.
Qui plus est, la ville de Glendale s’est elle-même impliquée en promettant des montants d’argent substantiels et de fortes hausses de taxes alors que la population se demande si laisser partir l’équipe n’aurait pas été la voie la plus rentable.
Gary Bettman avait promis que le dossier serait clos dans de courts délais à la fin de la saison régulière. Nous sommes en septembre et rien n’est réglé.
L’été fut chaud et long alors qu’en juillet, des rumeurs persistantes provenant de sources diverses, prétendaient qu’il y avait eu négociations pour que Québécor se porte acquéreur des Coyotes et les déménage à Québec. Dans cette optique, la ville de Québec avait aussi accepté de prolonger la date de clôture de son appel d’offres pour permettre au vieux Colisée d’accueillir une équipe. En vain, il n’y a pas eu de conclusions et la ville, il y a quelques jours, a annulé ses appels d’offres dans un constat qu’il n’y aurait pas d’équipe à Québec pour 2012-2013.
Cet été fut chaud aussi, lorsque des fans des Coyotes, à l’instigation de la conseillère municipale de Glendale Joyce Clark, s’en sont pris sur Twitter aux partisans des Nordiques ainsi qu’aux membres des médias canadiens-français. Cet épisode fut de bas étage alors que la conseillère Clark s’est permis des commentaires qui n’ont pas leur place chez des politiciens qui se respectent et qui respectent leur poste.
La fin de l’été a aussi été le théâtre du début des négociations pour le renouvellement de la convention collective entre l’association des joueurs et la direction de la ligue.
Québec, ville de hockey
Malgré que Québec n’ait pas encore son équipe, certains constats se sont cristallisés auprès de la presse sportive, auprès des amateurs, auprès des joueurs et auprès de plusieurs propriétaires :
Il est devenu évident que si la ligue suit une logique élémentaire touchant des points de rentabilité et d’intérêt pour le sport, Québec devrait bientôt avoir son équipe.
Le mystère de Québec ou le mystère de Phoenix?
Alors, pourquoi tout ça n’est pas encore réglé?
Tout d’abord, la sympathie de la ligue pour la ville de Québec, malgré le lobbying actif de Marcel Aubut, ne semble pas clairement ou complètement établie. On a souvent entendu que le maire de Québec et le propriétaire de Québécor étaient connus auprès de la ligue, mais on a aussi entendu que la ligue préfèrerait des marchés plus populeux comme Seattle ou Kansas City. Certains directeurs généraux et propriétaires d’équipes (ex : Boston) se sont montrés sympathiques au retour des Nordiques, mais pour d’autres cela ne semble pas établi (ex : Toronto, Montréal). De plus, on ne sait pas quel effet ont eu les pressions publiques du maire de Québec sur Gary Bettman. Clairement, la poursuite de De Belleval a nui au projet (de l’aveu du maire de Québec).
Même si Gary Bettman et Bill Daly ont fait des déclarations jusqu’à cet hiver concernant Québec, ils ne se prononcent plus sur le retour éventuel des Nordiques dans la vieille capitale.
Ensuite, Québécor, le candidat propriétaire pour une concession à Québec, ne semble pas affamé. La priorité serait d’obtenir une concession à Québec pour l’inauguration du nouveau colisée en 2015, tout en surveillant les occasions s’il s’en présentait une avant. Faire évoluer une concession dans le vieux colisée présenterait apparemment une rentabilité insuffisante et Québécor préfèrerait éviter ce poids financier autant que possible.
De plus, pour avoir une concession à Québec, il en faut une de disponible. Malgré les déboires des Coyotes, il est force de constater que cette concession n’est pas encore disponible. Pourquoi donc ? Comment est-ce possible? C’est un mystère, personne ne sait factuellement l’expliquer. Toutefois, l’examen du jugement de faillite des Coyotes ainsi que certaines clauses inclues dans le contrat proposé entre la ville de Glendale et Greg Jamison laissent fortement à croire qu’en échange de la construction du jobing.com arena, la NHL s’est fortement engagée à conserver la concession dans cette ville.
Si tel était le cas, le « bris de contrat » doit provenir explicitement de la ville de Glendale, sans quoi la ligue s’expose à une pénalité très salée (qu’on prétend dans les multiples de $100M).
Que pouvons-nous espérer maintenant?
Rien n’est fini, rien n’est encore joué.
La ligue n’a pas encore vendu la concession à Greg Jamison et autant la presse que la population de Glendale a commencé à constater que les jours de leur concession sont peut-être comptés.
De plus, il est souvent mentionné que le déménagement des Coyotes servira de monnaie d’échange dans les négociations avec les joueurs, qui préfèreraient avoir la garantie de salaires plus hauts en ayant des concessions qui jouent dans des marchés plus favorables.
D’un autre côté, on entend aussi souvent dire que Greg Jamison attend de connaître les nouveaux paramètres financiers de la prochaine convention collective avant de s’engager.
La ville de Glendale est aussi empêtrée dans un référendum contre la hausse de taxes, qui aura lieu en novembre. Si ce référendum devait être gagné, la ville ne disposerait pas des subsides nécessaires pour que l’entente avec Greg Jamison puisse fonctionner.
Mais encore, l’élection municipale de nouveaux conseillers massivement contre cette entente pourrait mettre un point final à cette saga.
Dans l’éventualité où les Coyotes devaient rester à Glendale, l’avenir de cette concession demeure sombre, car l’appui et l’intérêt trop faible de la population pour ce sport garantissent un autre échec d’ici quelques années.
D’autres concessions seront aussi éventuellement disponibles. Les Islanders devront probablement quitter Uniondale en 2015. La concession de Columbus demeure aussi en difficultés. La possibilité d’une expansion est aussi souvent mentionnée, même si je n’y crois pas énormément.
Je demeure très confiant que Québec retrouvera bientôt son équipe et que nous pourrons continuer notre rêve de voir un jour défiler la Coupe Stanley à Québec sur la Grande-Allée.
Un mot personnel . . .
Un petit mot pour vous dire que je suis très heureux de faire maintenant parti de l’équipe de chroniqueurs de Zone Nordiques. Il s’agit pour moi d’une première expérience en tant que chroniqueur.
Mon souhait est de partager avec vous ma passion pour les Nordiques (qui n’a jamais baissé depuis leur départ), des nouvelles sur leur retour et des opinions sur le hockey.
Commentaires