Il y a longtemps que le nom des Nordiques n’avait pas été sur toutes les tribunes et il aura fallu une intervention politique pour que ça bouge dans le dossier du retour d’une équipe de la ligue nationale à Québec.
Quelque part avant 2010 débutait la plus longue et pathétique saga de toute l’histoire du sport; celle des Coyotes de Phoenix slash Arizona. Le 05 mai 2009 Jerry Moyes, propriétaire des Coyotes plaçait la concession sous la protection de créanciers et prenait entente avec Jim Balsillie afin de vendre l’équipe pour la déménager à Hamilton. Prise par surprise, la ligue nationale affirma que cette transaction contournait les règles établies et qu’elle ne pouvait se concrétiser. Malgré l’insistance, les tentatives de surenchère et une offre de 212.5M$ US du grand patron de BlackBerry, le juge Redfield T. Baum signait une ordonnance de vente à la ligue nationale pour la somme de… 140M$ US. La farce pouvait débuter.
Malgré tout, l’idée du retour des Nordiques commençait (lentement mais sûrement) à faire son chemin dans le cœur des gens de Québec. De l’autre côté, la haine s’installait (lentement mais sûrement) au cœur de l’égo de ceux qui se réconfortent dans le monopole du Canadien de Montréal et la petitesse du marché de Québec.
Quinze mois plus tard l’homme d’affaires Matthew Hulsizer déposait une offre remplie de promesses et d’illusions pour faire l’acquisition des Coyotes pendant que plusieurs autres groupes mystérieux (bien évidemment) s’intéressaient aussi au dossier. Déjà, le nom de la ville de Winnipeg circulait si aucune transaction ne devait se concrétiser. Dans les faits et avec raison, le déménagement des Coyotes était encore et toujours d’actualité mais c’était de bien mal connaître Gary Bettman.
Alors que personne ne s’y attendait, Gary Bettman répétait, deux fois plutôt qu'une, que certaines des erreurs du passé devaient être réparées. Les villes de Québec et Winnipeg pouvaient légitimement rêver de nouveau à la ligue nationale de hockey. Dans une entrevue accordée à Ron MacLean de CBC, le commissaire de la LNH s’était même porté vigoureusement à la défense de la vieille capitale et de ses partisans en affirmant : « Ce ne serait pas correct de ne pas répondre à un tel niveau d'intérêt si et quand nous le pourrons ». Plus encore, il s’agirait selon lui d’une question d’équité envers la ville. Visiblement dérangé par les propos de l’animateur tendancieusement favorables au marché Ontarien, Gary Bettman y allait même de la déclaration suivante : « J'espère que nos amis de Québec et de Winnipeg ne seront pas offensés. Vous voudriez qu'ils soient plus loin sur notre liste. Moi, j'aimerais corriger quelque chose qui n'aurait jamais dû se produire ».
Québec et ses fans avaient toutes les raisons d’y croire!
Déception pour les gens de Québec, le 7 mai 2012, Gary Bettman annonçait que la LNH en était venu à une entente de principe avec Greg Jamison afin qu’il devienne le nouveau propriétaire des Coyotes de Phoenix. Un mois plus tard, appuyée par une hausse des taxes municipales de 0.7%, la ville de Glendale accordait au groupe un prêt de 324M$ sur 20 ans pour la gestion du Jobing.com Arena. Incapable d’amasser les fonds nécessaires et ce malgré l’appui aveugle de la LNH et de la ville de Glendale, la transaction n’avait finalement jamais eu lieu.
L’espoir était toujours vivant pour les partisans des Nordiques, mais d’autre entités mystérieuses (encore) se montraient intéressées à garder les Coyotes dans le merveilleux marché de Glendale. Le maire de l’époque, Jerry Weiers, entendait discuter avec eux le plus rapidement possible.
Alors que plusieurs considéraient le déménagement des Coyotes vers Winnipeg comme probable, la LNH annonçait sans réelle surprise (les rumeurs étaient devenues intenses) que les Thrashers d’Atlanta allaient s’installer dès la saison 2011-2012 dans la capitale du Manitoba.
Confiants malgré tout, les gens de Québec ne pouvaient que se réjouir de cette annonce : la situation des Coyotes était toujours périlleuse et il ne restait qu’une seule erreur du passé à corriger.
Une autre vente des Coyotes approuvée
Nouvelle déception pour les gens de Québec. Les Coyotes sont une fois de plus vendus (dans une véritable mascarade télévisuelle) à un nouveau groupe d’investisseurs mené par George Gosbee et Anthony LeBlanc (IA). Le montage financier est douteux et le conseil de ville de Glendale est (encore une fois) complètement corrompu. Promesses et illusions font toujours partie de l’entente.
Gary Bettman l’emporte une fois de plus mais l’entente sera résiliée plus tard. Certains éléments de l’entente auraient été violées par le groupe Ice Arizona.
Barroway et Muruelo entrent en scène
La saga des Coyotes continue alors que les gens de Québec perdent confiance. Le groupe Ice Arizona demeure actionnaire minoritaire de l’équipe et Andrew Barroway devient propriétaire principal de la concession. Les mêmes promesses et les mêmes illusions font encore et toujours partie de l’entente.
Ultimement, un nouveau propriétaire nommé Alex Meruelo prendra les commandes de l’équipe en 2019. Promesses brisées? Illusions déchues? Quoi qu’il en soit quelque chose a changé, les Coyotes ne sont plus viables à long terme à Glendale selon l’aveu même de Gary Bettman. Un nouvel amphithéâtre devra être bâti à quelque part en Arizona.
Nouvelles promesses? Nouvelles illusions? Nouvelles saveurs?
Alors que Québec espère toujours (avec raison) qu’on répare le préjudice qui lui a été causé, un processus d’expansion est lancé par la LNH. Pour certain, c’est l’occasion parfaite pour célébrer le retour des Nordiques, pour d’autres les dés sont déjà pipés d’avance. Québec ne mérite-elle pas une concession déjà établie?
Seules les villes de Québec et de Las Vegas présentent leurs candidatures. Seattle refuse d’appliquer. Nous connaissons la suite : la gifle est puissante, mais Pierre Dion affirme plus heureux que jamais que ce n’est que partie remise.
La flamme bleue de Québec vacille et risque de s’éteindre à jamais. Certains espèrent encore.
Seattle devient la 32ème équipe de la LNH.
« Les partisans de Seattle attendent ce moment depuis longtemps. Ils ont été patients. C'est un jour de célébrations ». - Gary Bettman
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La ville de Glendale informe les Coyotes que l’entente annuelle entre la concession et le Gila River Arena ne sera pas renouvelée et que l’équipe devra trouver un nouveau domicile dès la saison 2022-2023. La décision est irrévocable.
L’étincelle sera-t-elle assez forte pour rallumer la flamme? L’espoir du retour des Nordiques est-il réellement mort?
«Nous avons un amphithéâtre de grande qualité. Nous avons une entreprise avec les moyens financiers et un diffuseur, également. Nous continuons à faire en sorte de pousser notre candidature pour être éventuellement propriétaires d’une équipe de hockey ou pour le moins, être un diffuseur d’une équipe locale à Québec», a-t-il affirmé pour réitérer sa position.
Clairement désireux de se porter acquéreur d'une concession de la LNH et de l'installer au Centre Vidéotron, c'est tout de même la première fois que l'homme d'affaire Pier-Karl Péladeau évoque la possibilité de ne pas être le propriétaire d'une future concession de la Ligue nationale de hockey à Québec. L'idée d'être le simple diffuseur des Nordiques ferait-elle son chemin chez Québecor et TVA Sports? Est-ce que des négociations seraient déjà en cours pour déménager une concession? De nouveaux investisseurs pourraient-ils joindre le groupe en tout ou en partie?
Le premier ministre François Legault a révélé avec surprise cette semaine que lui et son équipe avaient eu des discussions avec le commissaire Gary Bettman mais surtout avec des investisseurs potentiels concernant le retour possible des Nordiques à Québec. Plus encore, le ministre Eric Girard aurait été délégué au dossier et d’autres discussions pourraient avoir lieu quelque part en janvier prochain.
Cette fois l’étincelle est assez puissante pour rallumer la flamme. Il se trame certainement quelque chose.
Pourquoi pas? Voici quelques faits.
Les Coyotes seront sans domicile dès l’an prochain et aucun aréna de remplacement n’est disponible.
Si tout se passe bien (et c’est loin d’être le cas) l’excentrique projet à Tempe ne verra pas le jour avant un minimum de cinq ans. Dans les faits, les bâtons dans les roues dont déjà nombreux. Ce projet n’est rien d’autre que de beaux graphiques pour le moment.
Le propriétaire du Rocket de Houston Tilman Joseph Fertitta n’est pas très chaud à l’idée de se porter acquéreur d’une franchise de la LNH. Il a déclaré que plusieurs marchés en arrachaient au sud des États-Unis.
Pour la première fois, Pier-Karl Péladeau semble être ouvert à l’idée d’être un simple diffuseur. Pourrait-il faire parti d’un groupe en tant qu’actionnaire minoritaire et mettre à profit toute la puissance de sa plateforme de diffusion? L’argument du « mauvais cheval » n’en serait plus un.
Le gouvernement veut plus de Québécois dans la LNH et désire élever le hockey mineur à un niveau d’exception. Les jeunes ont besoin de modèles et le monopole du Canadien de Montréal ne suffit pas. Quoi de mieux que le retour de la plus grande rivalité du hockey de l’histoire pour motiver la relève et mettre en valeur notre sport national?
L’intervention politique du premier ministre dans le dossier s’appuie sur des discussions concrètes et réelles avec la LNH et des investisseurs potentiels. D’autres rencontres sont à prévoir.
Geoff Molson et PKP sont absents de toutes les tribunes.
En mon sens, un plus un fait deux. Est-ce que tout cela va se concrétiser? Peut-être pas mais ça bouge dans le dossier et ça fait du bien.
Personnellement, vous l’aurez deviné, j’y crois!
Rendez-vous au centre Vidéotron l’an prochain pour le premier match Nordiques Vs Canadien?
Pensez-y…
Commentaires
Merci Pascal de ce compte rendu logique et réalisable de mon point vue.